Ecole Km 40 + 4,5 kms de piste
Lundi matin, nous attendons Tadam pour nous mettre en route. Cette gentille dame a toujours participé aux missions de C LAOS, les années précédentes. Et aujourd'hui, nous allons distribuer nos cahiers à l'école de son village natal, située sur une des 4000 îles du Mékong : Don Daeng, juste en face de Champassak. Dit comme ça, ça paraît simple :-)
Après notre stop habituel chez Somai, où Philippe en profite pour compléter un peu sa commande (un bug dans les gommes...), on reprend l'habituelle route n°13 pendant environ 40 kms. Nous repassons devant l'école des cheftaines, où nous ne voyons pas la trace d'un cerceau ou d'un ballon, mais vu l'heure, les enfants sont en cours et pas en récréation !
Puis, les choses se corsent. Nous roulons sur une piste de plus en plus cabossée, pendant plusieurs kilomètres, afin d'atteindre le Mékong. Heureusement qu'il n'a pas plu car Mr Noy doit même franchir une petite rivière. Je m'inquiète un peu pour son pick-up mais il a l'air d'avoir l'habitude et rigole sans arrêt. À l'arrière, nous rions jaune (ce qui est plutôt normal en Asie, lol) car nous sommes 4, serrés comme des sardines, luttant pour ne pas rendre notre petit déjeuner :-)
Finalement, nous arrivons à hauteur d'une première école, qui n'est pas celle de Tadam, car nous ne sommes pas encore arrivés sur l'île. Ici aussi, les tables sont déjà prêtes et nous nous sentons très attendus. Un petit point avec les instituteurs, et nous préparons le matériel scolaire. Tadam tient à distribuer les cahiers !
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C'est crevant l'école :-) |
Avant de démarrer la distribution, nous faisons la présentation habituelle et le petit sketch, mais Mr Noy a l'idée originale de demander à 2 élèves de reproduire le sketch. Il a de la suite dans les idées ce monsieur. Du coup, c'est une vraie partie de rigolade ! Les enfants adorent imiter Philippe, lorsqu'il me tire les oreilles car j'ai jeté les emballages parterre. Puis, on passe à la remise en mains propres des fournitures scolaires. Comme d'habitude, les instituteurs ne sont jamais très clairs sur les effectifs... De toute façon, on laisse toujours un reliquat pour les éventuels absents. Une fois la distribution effectuée, c'est au tour des profs. Puis, on ne tarde pas à partir car le beau-frère de Tadam nous attend avec ses deux pirogues, pour nous emmener sur l'île.
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Les enfants reproduisent avec plaisir le sketch des "Farang" |
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Bien souvent, les enfants n'ont même pas de cartable pour ranger tout le matériel |
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Les profs aussi ont droit à leurs cadeaux :- |
Ecole de Don Daeng
Avant de trimballer du matériel pour rien, on refait un point avec Tadam sur les effectifs de son ancienne école. Elle nous annonce 55 élèves. On emporte donc cahiers, stylos et Cie sur notre dos, avec l'aide d'enfants dévoués, avant d'attaquer le parcours du combattant. D'abord une pente raide descendant vers le Mékong, puis de la boue, et enfin du sable. Nous déposons le tout dans une pirogue, pendant que des enfants montent dans l'autre. Le beau-frère n'a qu'une seule pirogue avec moteur et tire donc les deux bateaux à la force d'un moteur. Nous regardons tout ce petit monde passer tranquillement de l'autre côté du fleuve...
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L'île de Don Daeng est juste en face |
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Les enfants partent les premiers avec le chargement |
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Petit bain de soleil... |

Lorsque les pirogues reviennent, c'est à notre tour de jouer aux équilibristes, en grimpant dans les barques. L'une des deux prend l'eau, celle des mecs ;-) Du coup, Philippe écope, sous les yeux malicieux du beau-frère ! Je n'ose pas bouger d'un poil dans ce truc instable et brinquebalant. Seul Mr Noy semble être comme à la maison, alors qu'il nous dit ne pas savoir nager :-))) Mais le parcours du combattant ne s'arrête pas là car il faut d'abord traverser deux pirogues, toujours en équilibre, pour sortir, puis éviter de s'enliser dans le sable, puis gravir une échelle en bambou, on ne peut plus raide. On se croirait dans Koh Lanta ;-) Ingrid fait sa maligne en essayant de grimper tout en portant un sac de cahiers, mais elle ne tardera pas à le donner aux hommes, lol :-)
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Mr Noy ne sait pas nager mais garde le sourire ! |
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Philippe écope... |
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Tadam a toujours le sourire :-) |
On pensait avoir terminé l'expédition mais non. Tout à coup, un genre de tracteur avec remorque débarque de nulle part et l'on comprend que c'est pour transporter le bétail, c'est-à-dire nous ! Nous voilà maintenant en tracteur, sur les chemins cabossés (pour changer) de l'île Don Daeng... On se demande si l'école est à l'autre bout de l'île, et surtout on se dit qu'il y avait peut-être un moyen plus simple d'y arriver, en passant par Champassak... Mais bon, au moins on se souviendra de cette aventure (nos fessiers et dos aussi :-)...
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Après la pirogue, on passe au tracteur ! |
Lorsqu'on arrive enfin à l'école, après 20 mn de tracteur, il est déjà 12h30. C'est l'heure de manger et ça tombe bien car les profs nous ont cuisiné un festin : riz, salade de papaye au goût sauce poisson puant, os de poulet, et bouillon. Un délice ;-)))) Heureusement, en dessert, il y a l'intérieur de noix de coco à manger. La doyenne des instituteurs part couper les cocos avec sa machette. Puis, elle racle la chair pour les mecs, et nous que dalle lol ! Demmerden sie sich :-)))
Après ce délicieux repas, nous installons le matériel sous les arbres. Là encore, il y a comme un couac dans les effectifs puisque de 55, on passe à 80 ! Ingrid et moi décidons de compter nous-mêmes dans les classes. On arrive à 63 :-) Cette école compte 9 instituteurs, ce qui est énorme comparé au nombre d'élèves, et on devine après coup qu'il y a en fait 3 stagiaires... L'école jouit d'une situation extraordinaire, au bord du Mékong, c'est presque paradisiaque. Mr Noy a l'idée de proposer 2 jeux aux enfants. Le premier consiste à mettre un citron vert dans une cuillère à soupe, cuillère que les enfants doivent porter dans leur bouche jusqu'à leur binôme, passer le citron dans la cuillère du binôme, sans les mains, et faire l'aller-retour, sans jamais le faire tomber. Les enfants se régalent ! Les adultes aussi :-) Les gagnants sont les 3 plus rapides.
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Repas partagé avec les instituteurs, ce n'était pas un délice mais c'est l'intention qui compte :-) |
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Jeu de la cuillère et du citron |
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Jeu de la bouteille à remplir |
Le deuxième jeu consiste à prendre de l'eau dans une bassine, la garder dans sa bouche, pour la recracher 30m plus loin dans une bouteille. Le gagnant est le premier qui a rempli la bouteille. Mr Noy est un vrai animateur, genre GO du club Med ;-) On sent qu'il y prend beaucoup de plaisir et c'est vraiment chouette.
Lorsque les enfants sont presque tous exténués, on passe à la distribution des fournitures scolaires, suivie d'un dernier jeu, qui nous tient à cœur : la course des sacs de riz. Les enfants partent par 4 et doivent faire un aller-retour en sautant dans leur sac de riz. Là encore, c'est un sacré défouloir, encouragé par notre GO légendaire !!! Nous sommes juste étonnés de voir les profs assis sur leur chaise, au loin, ne prenant pas part à l'activité... Bizarre ! En tous cas, ce qui compte, c'est que les enfants gardent un bon souvenir de cette journée :-)
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Ils ont l'air très contents de leurs cahiers, craies et stylos, ça se voit sur leurs visages :-))) |
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Ingrid en pleine action ! |
On repart vers 15h30, car la deuxième partie de Koh Lanta nous attend. On prend les mêmes et on recommence, lol ! Nous rentrons crevés mais comblés de cette journée aventure. Elle restera longtemps gravée dans nos mémoires. Le soir, il fait encore plus frais que la veille, le vent est omniprésent, et nous décidons de sortir chercher à manger couverts des pieds à la tête. On ressemble un peu aux Laotiens, et passons inaperçus ;-)
Ecole km 39, Ban Pak Tuay
Mardi est notre dernière journée de mission C LAOS, snif :-((( Nous partons vers 9h. C'est encore une journée tout terrain puisque nous roulons environ 35 kms sur la route 13, avant de bifurquer sur un chemin de terre (soit disant refait d'après Mr Noy, lol). Et c'est reparti pour des bosses, des pierres, des trous, et Cie. Philippe ne se souvient plus trop de l'endroit où se trouve l'école, et pour cause ! Le chemin est de plus en plus étroit et on se demande si c'est bien une piste pour voiture... Mr Noy demande à un villageois, et on finit par atteindre l'école.
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Elle n'est pas mignonne cette école dans son écrin de verdure ? |
L'endroit nous séduit d'emblée : une petite école en bois, dans un écrin de verdure, au bord d'une rivière. Le jardin est très propre, et c'est calme ! Les 3 instituteurs nous accueillent avec le sourire et même le chef du village est là. Lorsqu'on se présente aux enfants, Mr Noy demande à chaque élève de donner son prénom et sa classe. C'est assez marrant car presque chaque prénom a une signification. Nous avons donc un "Mr Petit", "Mlle Paradis", "Mlle Soleil", mais aussi une "Mlle Chine", "Mr Attente", "Mlle Lundi", et "Mr Pouvoir" :-)))... Il y a même un "Mr Sale", pas cool :-(
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Notre GO demande à chaque enfant son prénom et nous traduit la signification |
Puis, notre GO a encore imaginé deux jeux, pour défouler les élèves : jeu de la corde et jeu des ballons. Le deuxième est un peu un fiasco car les enfants ont les yeux bandés et l'un d'eux a bien failli atterrir dans un grillage :-(
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Jeu de la corde à tirer |
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Jeu des ballons à percer en aveugle |
Après la distribution des fournitures scolaires, les enfants retournent en classe et semblent ravis avec leurs nouveaux crayons de couleur. L'institutrice demande à 4 élèves de s'asseoir sur une chaise dehors. On croit d'abord qu'ils sont punis, mais en fait, on nous explique qu'ils sont de la même famille et sont malheureusement orphelins. Les profs font le maximum pour qu'ils continuent à venir à l'école mais c'est très compliqué car ils n'ont parfois même pas de quoi se nourrir. Nous décidons de leur redonner cahiers, stylos... Notre sentiment est assez partagé par rapport à cela. Les instituteurs ont cru bien faire en nous sollicitant pour ces enfants, mais en même temps, les exclure de la classe pour les faire asseoir dehors, c'est encore une fois leur faire sentir qu'ils sont différents, est-ce la bonne solution ? Et quelle est la bonne solution ? Mais en tous cas, c'est émouvant et cet instant nous fera longuement réfléchir...
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Concours de Hula hoop |
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Ingrid fait le clown :-) |
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Ces 4 enfants sont orphelins et les profs se battent pour qu'ils continuent l'école |
Mr Noy traduit ensuite ce que le chef du village lui explique. Cette école est bien trop petite pour ce village de 60 familles. Il faudrait en reconstruire une autre à côté. Il nous sollicite donc pour savoir si nous pourrions les aider dans ce projet. D'après ses calculs, c'est un budget d'environ 7000€ si l'on prend le bois des forêts alentours et les ouvriers du village. Philippe prend les renseignements nécessaires et promet d'en discuter avec les membres de l'association. Ce qui est sûr, c'est qu'il ne s'agit pas de filer une somme pareille au chef du village sans aucun suivi derrière. Idéalement, il faudrait être présent pendant toute la durée des travaux, pour aider mais aussi pour suivre le budget et contrôler. Bref, c'est un projet intéressant mais très énergivore et chronophage. À réfléchir donc...
Nous repartons de cette école avec des idées plein la tête et un vrai sentiment d'envie de faire, d'aider...
Il est vrai qu'au Laos, le gouvernement semble subventionner les grandes écoles (c'est ce que nous avons pu constater lorsque nous avons distribué des fournitures dans des écoles de plus de 100 élèves, où les bâtiments en bois ont été remplacés par du dur), mais pas les toutes petites écoles perdues dans la pampa :-( Il y a beaucoup de paraître : on finance ce qui se voit, au bord de la grande route 13... C'est aussi à méditer !
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Le chef du village a de beaux projets pour les enfants |
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Notre interprète et GO |
Ecole km 41, près du temple Tomotha
Nous repartons sur notre piste cabossée pour rejoindre la route 13 et reprendre un peu plus loin, une autre piste en plus mauvais état encore. "Saga Africa, attention les secousses !". Nous atteignons une autre école, un peu plus grande que la première, mais tout aussi perdue ;-) Les profs et les élèves nous attendaient avec impatience. On remarque que certaines élèves sont maquillées, auraient-elles prévu quelque chose en vue de notre venue ? Nous passons aussitôt à table car le corps enseignant nous a concocté un vrai repas : porc émincé aux légumes sautés, riz, soupe aux légumes et poulet et coco fraîche. C'est un régal et on leur demande si l'on peut prendre pension :-))
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Les instituteurs nous ont concocté un festin ! |
Après avoir préparé les fournitures, on assiste à un très beau spectacle de danse laotienne, que les petites filles nous présentent avec une grâce incroyable. Cela nous fait vraiment plaisir ! Certains élèves nous chantent "Frère Jacques" en français. Et je leurs apprends à compter de 1 à 5, en français également. Ces moments d'échange sont très importants, et sont certainement les choses que nous retenons le plus de ces différentes journées de mission.
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Un spectacle de danse préparé rien que pour nous ! |
Nous passons ensuite à la distribution, pour les élèves, puis pour les instituteurs. Malheureusement, au grand désarroi de Mr Noy, nous ne pouvons pas faire de jeu car les enfants ont terminé leur journée et doivent rentrer chez eux. Faut dire que nous ne sommes arrivés que vers 13h, et le temps de déjeuner puis d'assister au spectacle, le temps est passé très vite !
Nous rentrons à Paksé, un peu tristes d'avoir terminé cette mission. C'est une page qui se tourne... Nous retiendrons essentiellement ces sourires, ces rires, cette joie, mais nous n'oublions pas ces enfants orphelins qui n'ont plus rien, et ces petites écoles qui méritent davantage de fonds pour pouvoir s'agrandir. Une mission C LAOS, c'est à la fois du bonheur, de l'aventure, mais aussi une remise en question, et une réflexion à avoir sur l'avenir de ces enfants. Il y a beaucoup d'associations au Laos, et le problème est que le gouvernement laotien a un peu tendance à se reposer sur ces aides pour ne rien faire de son côté. Il faut savoir qu'aujourd'hui, certains fonctionnaires, comme les instituteurs par exemple, ne sont parfois pas payés pendant plusieurs mois ! Nous avons rencontré une institutrice, venue dans une école comme stagiaire, mais cela fait 3 ans qu'elle y travaille et qu'elle n'a pas été payée !!! Alors faut-il continuer d'aider ou au contraire faut-il diminuer les aides pour responsabiliser davantage, au risque de pénaliser les enfants si le gouvernement ne change pas sa façon de faire ?
Carte des différentes écoles aidées par C. LAOS
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Ben dit donc... super aventure ! mais effectivement y a matière à réflexion !
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