On joue les profs sur notre route vers Kratie

Hier matin, on se lève assez tôt vu que ça braille dans l'hôtel depuis 5h du matin ! Lorsqu'on est prêt à partir, bizarrement on n'entend plus un bruit, c'est à croire que c'est fait exprès :-) Après un petit déjeuner au restaurant du coin, on démarre notre route en direction de Chhlong. Normalement, on devrait pédaler 55 kms...

Au début, les plantations d'hévéas se succèdent. On sent rapidement la mauvaise odeur du latex récupéré sur les arbres. Des enfants âgés de 5 à 15 ans travaillent avec leurs parents dans ces plantations, ils n'ont pas la chance d'aller à l'école malheureusement ;-( Même au fin fond de la forêt, ils arrivent à nous voir et à crier des "hello !!!", ça donne un effet un peu surréaliste. La route grimpe un peu mais cela reste réalisable avec nos montures :-) Avant d'entamer la descente vers le Mékong, la vue est splendide : un dégradé de jaune, orange et vert, des maisons en bois sur pilotis, le toit coloré d'un temple et le Mékong en toile de fond. On reste là un moment à admirer ce paysage avant de redescendre.

Plantations d'hévéas

Récolte du latex : ça pue :-(

De la route à la piste...
Quelle géométrie !

Belle vue avant de redescendre vers le Mékong




Tout le long de la route bitumée, les villages se succèdent. Je ne compte plus les "susday" que je réponds à tous les "hello" criés de tous les côtés. Cela nous donne soif à force, il est temps de boire un jus de canne ! La dame qui nous sert notre boisson énergisante s'installe à notre table pour discuter, elle est très gentille et souriante. Très vite, ses parents se joignent à nous et demandent à leur fille de traduire leurs questions :-) Ils sont intrigués par nos vélos et se demandent pourquoi on voyage de cette manière...
La dame du jus de canne




Four de séchage du tabac

Char à bœufs
Plus tard, on s'arrête sous des bambous pour déguster un fruit du dragon acheté plus tôt sur un marché. Aussitôt, des enfants puis des adultes nous observent curieusement :-) On ne trouve pas de restau ou gargote pour manger et on regrette de ne pas être restés chez la famille du jus de canne.







Puis, la route se transforme en piste de terre ocre. Et c'est parti pour la poussière soulevée à chaque passage de mobylette, voiture ou autre véhicule non identifié :-) On est vraiment dans un pays de contrastes, entre la Lexus étincelante (plus pour longtemps vu la gueule de la route) et le char à boeufs ! On préfère le char à bœufs, car il nous balance bien moins de poussière et c'est bien plus agréable à observer.
Et un peu de poussière !



Plus loin, la route se sépare en deux. Yannick s'arrête pour regarder la carte lorsqu'un Monsieur vient discuter avec nous. Il s'appelle Bol et coup de bol, il est instituteur à l'école du village et professeur d'anglais chez lui. Les cours démarrent à 16h30. Il a entre 200 et 300 élèves par semaine. Très vite, il veut nous faire visiter sa maison et son entrepôt (sa femme tient l'entrepôt), dans lequel il a installé deux salles de classe. On lui explique que nous faisons du bénévolat dans des écoles en Asie. Aussitôt, il nous demande si on a le temps de discuter un peu avec ces élèves. Et hop, en deux temps et trois mouvements, nous voilà profs d'anglais improvisés dans le village de Tamal, où personne n'a jamais vu un touriste passer :-) Les enfants sont surpris, parfois même effrayés, de nous voir. On leur explique d'où on vient, pourquoi on voyage à vélo... Lorsque je leur demande s'ils veulent venir avec nous pédaler, ils répondent "non on ne peut pas car demain y'a école". Si c'est pas mignon ça !!! On discute ainsi pendant 2h, les classes se succèdent. Ils sont nombreux (environ 40 par classe !). On est surpris par leur niveau d'anglais car ils arrivent à formuler des phrases et leur prononciation est assez bonne. Bol nous explique qu'ils veulent tous apprendre l'anglais. Ils veulent tous être professeur, policier ou docteur, plus tard, sauf une qui veut être designer :-) Vers 18h30, Bol nous invite à rester chez lui pour la nuit, et comme il a entendu que je disais aux enfants que j'aimais bien le lok lak, il demande à sa femme d'en cuisiner un ! Quelle générosité ! C'est incroyable :-) On n'hésite pas une seconde avant d'accepter l'invitation. Du coup, on passe une soirée super sympa en compagnie de Bol, sa femme, leur fille de 8 ans, la sœur de sa femme et son mari et un frère à Bol. Le lok lak poisson est délicieux, superbement bien assaisonné, on se régale. Les bières fusent !!! Vers 21h30, il est temps d'aller se coucher. Personne ne vit dans cette grande maison car Bol doit rester auprès de ses beaux parents à 200m de là. D'ailleurs, il n'a pas encore acheté de meubles ! On se retrouve au 2ème étage, dans une pièce immense, avec un grand matelas et un ventilo. On se souviendra longtemps de Tamal !
Bol a installé 2 salles de classe dans son entrepôt : il y enseigne l'anglais

Et nous voici profs improvisés !
Tout le monde est attentif



Village de Tamal






La femme de Bol nous cuisine un fabuleux lok lak poisson

Lok lak poisson










Ce matin, la femme de Bol ouvre l'entrepôt à 6h, donc lorsqu'on descend vers 7h30, tout le monde est déjà à l'œuvre. On va manger un petit déjeuner au restaurant gargotte du coin avec Bol. Lorsqu'on veut payer pour nous trois, Bol refuse ! C'est gênant mais il tient à nous remercier d'avoir parlé anglais avec ses élèves car il pense qu'ils n'en auront pas l'occasion d'aussitôt. Après une dernière séance photo, on se met en route.
Bol, sa femme et son beau-frère, devant l'entrepôt et leur maison
Après 6 kms de route poussiéreuse, on atteint le ferry, pour traverser le Mékong. On attend un moment avant de pouvoir monter dans le bateau, et le spectacle des mobylettes, tirant d'énormes chargements et devant faire demi-tour sur le sable, est assez folklorique :-) On passe une bonne heure entre l'attente et le transport en tant que tel, pourtant le Mékong n'est pas large à cet endroit ;-) On arrive à Chhlong, rive est du fleuve. La route est à nouveau bitumée, mais bien plus passante. Le vent souffle très fort aujourd'hui et bien-sûr on l'a en pleine face, comme d'habitude :-( Heureusement qu'on n'a que 35 kms à faire sur cette route car c'est franchement pas drôle, entre la succession de minibus chargés à bloc, klaxonnant à tout va et roulant comme des dingues, le vent en pleine figure qui nous ralentit, la chaleur, pas ou peu de village, donc pas de "hello !", bref on regrette de ne pas être restés rive ouest... On s'arrête boire notre jus de canne quotidien. Un monsieur nous parle en Khmer, fait des signes, mais on ne comprend rien. Puis, un étudiant parlant anglais vient faire l'interprète ! Le monsieur nous explique qu'il vient d'ouvrir ce restaurant. Il est instituteur à la retraite. On passe un moment à discuter, c'est toujours agréable, surtout quand on n'est pas motivés à pédaler sur la route merdique :-)

Ferry pour passer rive est du Mékong




Même les camions chargés à bloc peuvent emprunter le ferry !



Les 15 kms restants seront longs... On arrive à Kratie vers 14h. La recherche d'une chambre est un peu longue. Il y a beaucoup de guesthouses, mais les chambres sont passables et à 8 dollars, on s'attend à mieux pour le pays. On finit par trouver le Riverside Hotel, où le patron est très gentil, la chambre grande et bien meublée, et surtout à 6 dollars seulement. On a vue Mékong, que demander de plus ?!


Campagne de la province de Kratie


Vue de notre chambre
On finira la journée à pas faire grand chose... Il nous faut maintenant nous décider sur la suite. On va passer quelques jours ici à Kratie, mais après, il faut choisir entre continuer sur une route pas terrible le long du Mékong, ou redescendre vers Kampong Cham puis prendre un bus vers Siem Reap pour rejoindre la frontière d'Osmach...

Commentaires

  1. ah... je sens que vous allez être des cyclos convaincus..... !!!! attention quand tu attrapes le virus ....

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