De Battambang à Pursat sur des pistes défoncées

Hier matin, nous prenons un dernier petit déjeuner en compagnie de Kévin et Céline avant de se mettre en route. Au départ de Battambang, mis à part la sortie d'école où l'on est restés coincés devant le flux continu de mobylettes, vélos, voitures..., on suit ensuite la rivière sur une route peu fréquentée et sympa. Les choses se gâtent lorsqu'on bifurque sur une piste en terre ocre. Ce n'est que succession de pierres, bosses, trous, sable et gravillons, donc rien à voir avec les pistes bien lisses empruntées la veille :-( À chaque intersection, on se dit que peut-être la prochaine sera la bonne ! Eh ben non en fait :-( Au bout de 20 kms, on a l'impression d'en avoir pédalé 60... Nos fessiers, nos bras et nos vélos ne sont pas épargnés ! Le côté positif, ce sont les paysages et les villageois. Chaque enfant nous salue d'un "hello" et souvent les adultes nous regardent et sont bien intrigués ! Ils nous conseillent parfois de rebrousser chemin et de prendre la Highway, seulement voilà, on n'est pas trop intéressés par une grosse route encombrée :-( Nous nous souviendrons longtemps de cette petite fille, qui fabrique des bracelets, qu'elle vend ensuite aux touristes du bambou train. Elle n'a que 8 ans mais sait parler anglais et même quelques mots de français !

Là on est encore motivés :-)

Plus tard, on s'arrête à un petit magasin au milieu de nulle part. Par miracle, la vendeuse a de l'eau bien fraîche et même du jus de lychee. On reste là un moment à savourer nos boissons. Bon, on n'a toujours parcouru que 35 kms. Yannick propose de continuer encore un peu sur les pistes, puis de prendre une route qui mène à la Highway. Mes fessiers réclament une route bitumée :-)

Arrivés sur la Highway, Yannick mange une soupe mais je n'ai pas faim, entre la chaleur et les secousses ;-) Puis, on se lance sur la Highway. Au final, mis à part le fait que c'est assez monotone car la route est toute droite et les paysages sensiblement identiques tout le temps, il n'y a pas tant de camions, bus et voitures, en tout cas moins que ce qu'on s'imaginait... On finit par arriver à Muang Russei, un bled où par miracle on trouve une guesthouse presque sur la Highway ! Les chambres démarrent à 15 dollars mais je négocie à 7 dollars une chambre sans clim.

Un magret ce soir ? :-)

Quelle ne fut pas notre surprise lorsqu'on aperçoit des vélos avec sacoches devant la guesthouse !!! En y regardant de plus près, Yannick pense même que ce sont des Français. Finalement, un monsieur d'un âge certain descend à la réception. Il est énervé car le wifi ne fonctionne pas. On discute un peu avec lui, avec son épouse, ils sont parisiens et veulent pédaler à travers l'Asie du sud-est. Lorsque je lui propose de dîner ensemble, car c'est toujours sympa de manger entre cyclos pour se raconter nos aventures, il me répond : "euh, on verra...". On croit rêver :-((( Il y a quand-même un millième de chances qu'on tombe sur des cyclos dans ce trou, et en plus des Français, et l'autre qui te répond "on verra" !!! On ne sait pas si c'est le fait qu'on n'a pas des vélos à 2000€ pièce et qu'il nous a pris pour des Guignols, ou encore parce que son WiFi ne marche pas, mais bon, no comment :-( Ah, c'est peut-être bien parce qu'ils sont parisiens (désolés pour Emmanuelle et Zabou) :-))) Qui a dit que les cyclos sont une grande communauté, hein, lol ?

Après une bonne douche, on part dîner, seuls. On croise le couple antipathique, la dame ne levant même pas la tête pour dire bonjour du bout des lèvres, et on cherche un restaurant, ou un truc qui y ressemble. Une vieille dame nous cuisine un riz frit aux légumes et à l'œuf gargantuesque ! Au retour, on trouve par miracle des biscuits de Savoie, ou un genre. On saute dessus, trop envie de gâteaux ;-) Et en plus, ils sont délicieux.

Piège à insecte

On fait sécher le riz devant la maison

Riz frit gargantuesque

Biscuits de Savoie délicieux

Cuits au feu de bois !

Ce matin, on retourne manger un riz frit au même endroit. On n'arrive pas à terminer donc on repart avec une barquette chacun. Puis, on se remet en route, d'abord sur la Highway. Il n'y a pas trop de circulation, donc ça passe, et il y a même des vendeuses de jus de canne à sucre, une aubaine pour les cyclistes (du sucre pour l'énergie, du liquide pour l'hydratation, du citron pour les vitamines, des glaçons pour la chaleur et le tout 100% naturel !). On pédale une quarantaine de kms sur cette route, puis, après un deuxième jus de canne où Yannick se trompe et paie deux fois le prix en disant "je lui ai laissé la monnaie car elle est super honnête la vendeuse !", je crois que le soleil a trop frappé :-) on rejoint les fameuses pistes. Il y a moins de pierres, mais beaucoup de trous, nous obligeant à slalomer sans arrêt...

Un jus de canne à sucre : une aubaine pour les cyclos !

Machine qui broie la canne pour faire le jus

Sur la Highway, est-ce la Highway to hell ?

Lorsqu'on a quitté la Highway, il restait 15 kms jusqu'à Pursat. On retrouve nos paysages de campagne et ses habitants. Une vieille dame mâchant de la noix de Bétel nous parle en cambodgien et finit par nous faire signe que ce serait bien si on lui donnait de l'argent. En général, on récupère les peignes et brosses à dent des hôtels pour les donner aux enfants. Seulement voilà, cette vieille dame n'a plus de cheveux, ni de dents, pas de bol :-)

Buffles

On retrouve les pistes oranges

Petit pont de bois branlant 

On continue encore au moins 1h sur ces sentiers, certains étant mieux que d'autres, puis on atterrit sur une route. Chouette, du bitume :-) Sauf que cette route est en travaux, avec des énormes tas de terre à droite et à gauche, et une succession de camions qui nous envoient toute la terre dans la figure en passant :-((( Et là, à cet instant précis, le truc qui finit de nous achever : Yannick regarde sa carte et dit "Google maps me dit qu'il reste encore 15 kms !". Donc Google veut dire que les 1h30 passées sur des sentiers à zigzaguer nous ramènent au point de départ puisqu'il y a toujours et encore 15 kms à parcourir :-((((

Heureusement, on quitte cette superbe route poussiéreuse peu de temps après pour finir sur une piste interminable en slalomant, comme toujours. On finit par arriver, oranges comme la terre des pistes, vers 16h à Pursat. Cette ville n'a guère d'intérêt, mais il faut bien dormir quelque part ! On trouve rapidement une guesthouse à 6 dollars et on fonce sous la douche. L'eau est orange. Je me suis assise sur le bout du lit et les draps sont oranges aussi :-)

Plus tard, on part à la recherche d'un restaurant d'une ONG que le Lonely Panet indique à un endroit, et le petit pas futé à l'opposé. Bref on ne le trouvera jamais :-) Et devinez sur qui on tombe à la guesthouse ? Céline et Kévin, qui ont la chambre juste à côté de la nôtre, car ils n'ont pas réussi à rejoindre les Cardamomes dans la même journée ! On passe donc le reste de la soirée avec eux. C'est sympa de les revoir !

Au final, on aura parcouru plus de 140 kms en 2 jours et nos fessiers s'en souviennent :-)

Vendeur en bullant :-)

Rambutans